mercredi 7 mars 2012

Nostalgie d'un vieux rêve perdu


Aussi léger que l'air, l'homme se dresse sur le champ de bataille, au dessus des tranchées. Il se relève le visage ensanglanté, le sang remonte à son front et vient se loger dans sa tête, pour en expulser une balle qui retourne dans le camp adverse. Et ce pauvre soldat court à grandes foulées en marche arrière, il enjambe ses camarades décédés quelques temps plus tôt, il enjambe ce terrain creusé par la main de l'homme, il enjambe ce terrain détruit par les tirs des mortiers et par les explosions des obus. Il garde ses yeux droit devant lui...

L'image se rembobine, l'image se stoppe, et enfin l'image se grise : on s'arrête sur un enfant qui regarde par la fenêtre. Je me souviens de cette fenêtre, je me souviens du paysage qu'on l'on pouvait voir à travers : une nuit calme recouvrait une prairie, un chemin éclairé par un lampadaire, et un train passait a folle allure, on aurait cru un ver luisant éclairant la nuit, le village était endormi. Le village et la maison d'ailleurs, je restais le seul éveillé, le seul à penser...

Un jour, l'enfant ouvre la fenêtre et part sur le chemin, traverse les forêts, jusqu'à atteindre la lune dans cette nuit claire... L'enfant marche le soir, il apprécie ce vent et cette fraîcheur de liberté, croise les démons de la nuit qui le ronge petit à petit, l'enfant se cache et pleure en silence, pleure dans l'espoir d'être compris dans sa douleur. La fin de l’innocence, le début de la conscience, ce qui forge notre caractère pour le reste de notre vie se joue dans ces premières années...

Adossé à un arbre, je l'ai vu passer dans sa longue robe noire, belle aussi soit-elle, je l'ai vu traverser la route lentement, marcher sur l'eau et traverser l'étang, pour rejoindre sa tombe au milieu de cet îlot. Cette phrase qui ressort d'outre-tombe : "Je replonge, je me ronge comme je respire...". J'en ai les larmes aux yeux en voyant cette scène, j'en ai les larmes aux yeux rien qu'en y repensant...

Qu'est-ce que j'étais con, putain, qu'est-ce que j'étais con... Manque de maturité, quel abruti j'étais, adolescent rebelle et con par dessus tout... Si j'avais su, si j'avais su putain! Mais avec des "si" on referait le monde parait-il, on referait le monde... Ouais mais pas moi...



PS : J'apprends la mort de Gérard Rinaldi, à l'âge de 69ans, le 2 Mars 2012, lui qui m'a tellement fait rire...

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