lundi 5 septembre 2011

Transfusé


Et en quelques secondes les nuages vinrent, ils étaient noirs, tellement noirs qu'ils devinrent bleus, comme un reflet de l'océan, comme à Montréal...

La colère gronde, la maternité est au complet, le bloc obstétrical devient une usine de naissances...

Tu me ressembles! Tu m'aimes? Oui? Moi aussi je t'aime! Tu veux un peu de liquide nutritif frérot? On montre à notre mère qu'on est là? 1 2 ... 3 coups de pied dans le ventre! Ouais! C'est trop bien, on la fait réagir!

Pourquoi tu t'endors? Réveille toi frérot, réveille toi, je veux jouer avec toi, continuer notre complicité! Frérot? Frérot? Dans deux mois on sortira d'ici et à nous la liberté! On ne sera plus dans cet espace réduit.

Je me sens en meilleur forme qu'avant, j'ai l'impression d'être deux, et toi mon jumeau, je te vois te décomposer petit à petit, je crois que je t'ai vampirisé. Frérot je t'aime sache le! Mais je dois sortir maintenant...

Lumière aveugle, dans le prepartum, ma mère est décédée pendant que je naissais, laissez-moi crier!

Il pleure le nourrisson, il pleure dans son incubateur, il a perdu sa mère, il ne sait plus où il en est... Sortir de ce ventre si doux, c'est trop dur, il est complètement paumé, et pas assez adulte pour se démerder... Une seule phrase se répétait en lui :

"Tu ne l'aurais pas fait toi, tu n'aurais pas osé?..."

La larme coule le long de sa joue, il est recroquevillé sur lui, se serrant dans bras. Tu ne peux plus rien pour lui, tu ne peux pas changer son destin...

"T'avais huit ans quand tu te voyais et ce rêve là on l'a tous fait..."

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