lundi 17 mars 2014

Cendrillon


Donner l'cil...

Il existe un bon nombre de version de Cendrillon, mais nous en occident on connait principalement celle de Charles Perrault et des frères Grimm.

Cendrillon la pouilleuse : vie de merde au service d'une marâtre et de ses deux pouffes de filles, Cendrillon aime la vie, les paysages, les animaux, elle rêve d'un avenir, son père est mort et elle a toujours manqué de son amour, de son aile. Et pourtant, malgré tout ça, elle garde la tête sur les épaules.

Cendrillon la princesse : arrive du jour au lendemain dans un château, traité comme il se doit, elle séduit le prince, et malgré sa chance, elle prend peur et préfère retourner dans sa vie de merde, dans sa vie de bonne. Sauf qu'elle se rend compte de sa connerie et recherche absolument à revenir dans sa vie de princesse où tout lui était offert, elle recherche sa pantoufle de "verre" ou de "vair", cette clef lui permettant de réouvrir la porte du château et d'un destin, d'un futur tant mérité. Elle galère pour pouvoir remettre la pantoufle, c'est tout une épreuve, et pourtant elle y arrive, elle prouve que c'est la princesse tant attendu par le prince...

La suite, vous la connaissez...

Complexe de Cendrillon : désir inconscient d'être pris en charge par autrui.

Il parait que je suis bon à marier, on dit ça d'une femme normalement, je fais le ménage, le linge, la vaisselle, je fais bien la cuisine, je fais bien l'amour, je ne suis pas moche, et je travaille... Reste à voir ce qui est vrai dans tout ça, les chevilles gonflent lol.

La reine des neiges et Raiponce n'ont de sens que si je les regarde avec toi, la magie se déploie qu'à ce moment là.

jeudi 13 mars 2014

Koudougou


Bidonville de la taille de Dreux, voilà ce que je vois, j'ai eu du mal à trouver mes repères les premiers jours, savoir différencier un supermarché (ou épicerie) d'un opérateur téléphonique ou d'un garage, voir même d'un maquis. Pour moi, tout se ressemblait, tout était tôle et bois, recouvert de poussière rouge, le sol n'est que terre battue, pas de goudron pour la route, ou si peu...

Mais après quelques jours, je m'y retrouve sans problème, je prends mes repères, mes pieds prennent la couleur locale lol. Mon pêché mignon? Un tour de scooter dans les six mètres, c'est juste excellent!

Le marché couvert, c'est un lieu incontournable, mélange de différentes épices, différents produits locaux, comme la Sumbala, le piment oiseau, les arachides sucrées... les prix sont si peu cher par rapport à l'Europe, l'Amérique ou l'Océanie, mais bizarrement, dès qu'ils voient un nassara passer, les prix augmentent, blanc est synonyme d'argent, et c'est pas si simple de l'en faire démordre que nous ne sommes pas riches, mais que nous avons juste une valeur monétaire forte.

Le marché en plein air, c'est complètement différent, 500m à pied dans un six mètres, entouré de bouts de bois et de pailles en guise de stand, des gens vendent leurs fruits et légumes sur un carré de tissu à même le sol, et ils te regardent, limite pleurent... pendant que les enfants te courent après en te faisant coucou, et en te criant "Nassara". Les larmes viennent aux yeux assez rapidement.

La mentalité est complètement différente, ils ont rien, mais ils veulent tout te donner, ils sont toujours prêts à aider. De même quand on achète quelque chose, il faut toujours négocier, c'est dans leur culture, même si c'est négocier 1FCFA, il faut négocier, car négocier, veut dire passer du temps, parler et voir même prendre un verre avec la personne, c'est chaleureux! Ils connaissent toujours quelqu'un qui peut t'aider, ils connaissent toujours quelqu'un, qui connait quelqu'un, qui connait la personne que tu cherches, c'est juste très fort dans une ville de 100 000 habitants.

Manger dans un maquis n'est pas chose évidente, car manger en terrasse, et les enfants vont venir à ta table, non pas pour mendier, mais pour attendre que tu finisses de manger, et voir ce qu'il reste dans ton assiette, voir ce qu'ils vont pouvoir récupérer et donc manger... En général, ça coupe l'appétit de les voir arriver.

Une douche est un luxe qu'on a du mal à avoir, l'eau coule au goutte à goutte, je peux téléphoner en prennant ma "douche", c'est long de prendre une douche, et on oublie volontairement de se faire un shampoing pendant pratiquement 20 jours.

Détail : les éboueurs, y'en n'a pas, les déchets sont jetés directement dans la rue, comme au Moyen-Âge, et ce qui fait office d'éboueurs, ce sont les cochons! Ça explique en partie pourquoi ils ne mangent pas de porc, et puis les seuls déchets restant dans la rue, sont principalement des sacs plastiques, parfois recyclés pour faire des sacs à main par exemple. Imaginez ce qui peut traîner dans la rue sous vos tongs ou sandales, des préservatifs usagés, des aiguilles, lames de rasoir, tubes de sang, etc etc etc...

Il faut aimer la difficulté pour vivre en Afrique, ne pas être matérialiste, ni maniaque, ni avoir un esprit de vacancier, il faut accepter qu'on est impuissant face à une telle situation, qui dépasse tout ce qu'on peut connaitre. Il faut accepter de voir la misère...

Je vais demander la route... et la prendre...

mercredi 12 mars 2014

Palogo


Faire un tour en brousse, se fait en 4x4 normalement, dans la logique des choses, bon eh bien on n'a pas de 4x4, on ira dans la brousse en Renault 21! Moment juste inoubliable! Bref on traverse la brousse comme on peut, on sort de la voiture par moment, pour éviter de rester de bloquer dans des endroits ayant des mégas trous, où le chassis pourrait toucher le sol et nous bloquer.

Après plus de 45min à rouler à vitesse de tortue d'Antarctique, ce qui correspond à 7km dans la brousse, on se retrouve dans un petit village, à Palogo. Village éloigné de toute technologie, pas d'électricité, pas d'eau courante, où seul le réseau téléphonique passe. Comment vivent-ils? Une cours, un homme, ses trois femmes, et leurs enfants. Quelques maisons, une pour le papa, et une pour chaque maman avec leurs enfants, et des greniers à mil, et tout ça, au beau milieu de la brousse.

Ils n'ont rien, mais ils ont le sourire, juste apporter des jouets pour les enfants, et un sac de riz de 50kg pour nourrir le p'tit village, sur l'instant t, c'est énorme. Et ils te remercient en t'offrant deux poulets, ces deux poulets qui sont loin de savoir qu'elle sera leur destin...

vendredi 7 mars 2014

Couler le bronze


"Demain, toi et moi, on coulera le bronze ensemble"

Imaginez la crise de rire que j'ai eu, au moment où Ousseni m'a dit ça, effectivement l'expression "couler le bronze" ne veut pas dire la même chose au Burkina et en France. Heureusement qu'il n'a pas été vexé, il en a rigolé! Oui je me voyais bien, en face à face avec lui, en train de pousser, la p'tite veine sur le front qui ressort, la goute de sueur le long du visage, bref...

Effectivement, j'ai bossé deux jours avec Ousseni Gandema, un bronzier, qui a pu me faire découvrir un peu son métier, et je pense qu'avant d'être un métier, c'est tout un art.

80% du travail se fait sur de la cire, savoir faire des formes, des sculptures en cire en gros, savoir travailler avec ses doigts, un couteau, un maillet, un "fer à souder", et surtout avec le feu.

Une fois le modèle terminé, il faut créer le moule, donc recouvrir le modèle, d'argile (modèle unique) ou de plâtre (modèle réutilisable), avec des barres en ferraille pour éviter que ça ne bouge, et attendre que l'argile ou le plâtre durcisse, penser à faire un bon trou pour l'évacuation de la cire.

Ensuite, on allume un bon feu, et on peut mettre les moules dans le feu pour faire fondre la cire, et quelques minutes plus tard, on retire la cire des moules, dans une vieille boite de conserve.

L'étape suivante consiste à faire un puit de bronze liquide, donc de la lave, avec tous les matériaux métalliques possibles, robinetterie, conserve, débris métalliques, etc etc etc... et pas ect ect ect ^^ Il fait déjà 40°c en plein cagnard, et notre cher Ousseni s'amuse a mélanger le bronze dans le puit, il est en tong, les yeux ultra rouge, un peu d'eau sur les bras pour tenir la chaleur, il doit faire aux alentours de 70°c autour du puit, et moi je ne m'approche même pas du puit à moins de 3m à la ronde, je suis déjà en mode Barbapapa tout liquide qui essaye de ne pas fondre à 40°c, alors imaginez à 70°c, je deviens une méduse échoué au beau milieu des terres...

Reste plus qu'à prendre du bronze en fusion (c'est beau, c'est de toutes les couleurs, rouge, orange, vert, jaune etc...) de le faire couler dans les moules (en tong, ne surtout pas oublier les tongs!!!), et de laisser durcir le bronze quelques minutes.

Il ne nous reste plus qu'à casser l'argile ou défaire le plâtre, et récupèrer le précieux! La dernière étape consiste à limer durant des heures les fameux nids à poussière!

La couleur du bronze est dorée, c'est avec de l'acide qu'on peut donner la couleur qu'on souhaite réellement, couleur vert de gris, bronze, ou même orangée.

Autant dire que dans les conditions de travail dans lequel bosse les bronziers au Burkina, même pas 1% de tout ça serait possible en France, pour le moindre pet de travers on arrête tout chez nous...

Pendant que moi je créais une case, un enfant de 8ans m'a laissé sur le cul, il a créé en très peu de temps un couteau en bronze... Là où nous, dès qu'on voit un gamin trop près du feu, on lui fait la morale, là on laisse le gamin prendre le bronze en fusion sans aucun problème.