Bidonville de la taille de Dreux, voilà ce que je vois, j'ai eu du mal à trouver mes repères les premiers jours, savoir différencier un supermarché (ou épicerie) d'un opérateur téléphonique ou d'un garage, voir même d'un maquis. Pour moi, tout se ressemblait, tout était tôle et bois, recouvert de poussière rouge, le sol n'est que terre battue, pas de goudron pour la route, ou si peu...
Mais après quelques jours, je m'y retrouve sans problème, je prends mes repères, mes pieds prennent la couleur locale lol. Mon pêché mignon? Un tour de scooter dans les six mètres, c'est juste excellent!
Le marché couvert, c'est un lieu incontournable, mélange de différentes épices, différents produits locaux, comme la Sumbala, le piment oiseau, les arachides sucrées... les prix sont si peu cher par rapport à l'Europe, l'Amérique ou l'Océanie, mais bizarrement, dès qu'ils voient un nassara passer, les prix augmentent, blanc est synonyme d'argent, et c'est pas si simple de l'en faire démordre que nous ne sommes pas riches, mais que nous avons juste une valeur monétaire forte.
Le marché en plein air, c'est complètement différent, 500m à pied dans un six mètres, entouré de bouts de bois et de pailles en guise de stand, des gens vendent leurs fruits et légumes sur un carré de tissu à même le sol, et ils te regardent, limite pleurent... pendant que les enfants te courent après en te faisant coucou, et en te criant "Nassara". Les larmes viennent aux yeux assez rapidement.
La mentalité est complètement différente, ils ont rien, mais ils veulent tout te donner, ils sont toujours prêts à aider. De même quand on achète quelque chose, il faut toujours négocier, c'est dans leur culture, même si c'est négocier 1FCFA, il faut négocier, car négocier, veut dire passer du temps, parler et voir même prendre un verre avec la personne, c'est chaleureux! Ils connaissent toujours quelqu'un qui peut t'aider, ils connaissent toujours quelqu'un, qui connait quelqu'un, qui connait la personne que tu cherches, c'est juste très fort dans une ville de 100 000 habitants.
Manger dans un maquis n'est pas chose évidente, car manger en terrasse, et les enfants vont venir à ta table, non pas pour mendier, mais pour attendre que tu finisses de manger, et voir ce qu'il reste dans ton assiette, voir ce qu'ils vont pouvoir récupérer et donc manger... En général, ça coupe l'appétit de les voir arriver.
Une douche est un luxe qu'on a du mal à avoir, l'eau coule au goutte à goutte, je peux téléphoner en prennant ma "douche", c'est long de prendre une douche, et on oublie volontairement de se faire un shampoing pendant pratiquement 20 jours.
Détail : les éboueurs, y'en n'a pas, les déchets sont jetés directement dans la rue, comme au Moyen-Âge, et ce qui fait office d'éboueurs, ce sont les cochons! Ça explique en partie pourquoi ils ne mangent pas de porc, et puis les seuls déchets restant dans la rue, sont principalement des sacs plastiques, parfois recyclés pour faire des sacs à main par exemple. Imaginez ce qui peut traîner dans la rue sous vos tongs ou sandales, des préservatifs usagés, des aiguilles, lames de rasoir, tubes de sang, etc etc etc...
Il faut aimer la difficulté pour vivre en Afrique, ne pas être matérialiste, ni maniaque, ni avoir un esprit de vacancier, il faut accepter qu'on est impuissant face à une telle situation, qui dépasse tout ce qu'on peut connaitre. Il faut accepter de voir la misère...
Je vais demander la route... et la prendre...
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